Les défaillances matérielles, une faille majeure dans les écoles

29,5 % des collègues interrogés dénombrent une entrée non autorisée et mal intentionnée dans leur école et 9,4 % en dénombrent plusieurs. Il s’agit majoritairement de parents agressifs, revendicatifs, qui viennent régler des comptes, se plaindre, sans avoir pris rendez-vous.

Il est en effet malheureusement aisé de s’introduire dans beaucoup d’écoles au détriment de la prudence la plus élémentaire. Beaucoup trop d’écoles sont de vraies passoires. D’ailleurs, 52,5 % des collègues interrogés enseignent dans une école qui n’est pas entièrement entourée d’une clôture sécurisante. Bien sûr, une clôture n’est pas la panacée mais reste le minimum pour sécuriser une école. Rappelons que les locaux sont de la responsabilité des mairies, et ce, depuis les lois fondatrices de l’école républicaine sous la IIIème République. L’enquête du SNALC montre la diversité des insuffisances relatives à ces locaux, avec une litanie de portails qui ne ferment pas ou mal, de clôtures aisément franchissables, d’absences de serrures ou d’éléments matériels détériorés qui empêchent de sécuriser les locaux.

Face à ces défauts matériels et à la très grande vulnérabilité à l’intrusion de maintes écoles, les délais de réponse des mairies sont souvent bien trop longs. Si quelques collègues ont eu des retours relativement rapides, plusieurs mois ont été nécessaires pour 20,5 % des cas, voire plusieurs années pour 16,3 % des signalements. Enfin et surtout, 41,6 % des problèmes signalés aux mairies n’ont jamais été corrigés.

Le SNALC continue à demander à l’État d’intervenir car le petit jeu de renvoi de la balle entre DSDEN et mairies a pour conséquence de laisser des failles de sécurité béantes dans beaucoup d’écoles. Sur le terrain, la seule solution consiste à saisir la FSSSCT (qui remplace les CHSCT depuis la loi de transformation de la fonction publique de 2019) par le biais des registres SST pour signaler et faire remonter les problèmes identifiés. Mais, malheureusement, ici encore, les réponses de l’administration ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux.

Un enseignant sur deux ne se sent pas en sécurité

L’enquête conduite par le SNALC révèle l’ampleur du sentiment d’insécurité ressenti par une grande partie des professeurs dans le premier degré. Près de 50 % d’entre eux ne se sentent pas en sécurité au sein même de leur école. En cause, des équipements défaillants malgré de multiples alertes infructueuses adressées aux municipalités : des systèmes d’alertes défectueux ou inexistants, des portes ou des fenêtres inadaptées ou qui ne ferment plus, des murs trop bas ou des clôtures endommagées ou inappropriées … Seulement 10 % des PE affirment se sentir vraiment en sécurité dans leur classe. À noter que 18 % mentionnent n’avoir qu’une seule issue pour évacuer leur classe et 14 % n’ont qu’une seule issue pour sortir de leur l’école.

La grille ou le portail séparant l’école de la rue cristallise les peurs d’une majorité d’enseignants du premier degré, surtout durant les moments d’entrée et de sortie des élèves. Ce point de passage amplifie le sentiment d’insécurité chez 65 % des PE, exacerbé par la crainte de confrontations avec des personnes extérieures, notamment des parents d’élèves qui attendent ce moment pour régler leurs comptes avec l’enseignant, l’école, l’institution.

Les professeurs des écoles interrogés plébiscitent en grande majorité l’idée d’un renfort en personnel (non-enseignant) affecté à l’école pour gérer entre autres l’accès à l’établissement pendant les heures de classe et pour renforcer la surveillance à la grille de l’école lors des entrées et sorties.

Lire la suite

Agressions verbales dans le premier degré

Le SNALC constate que les incivilités vont crescendo dans le premier degré tant de la part de nos élèves que de leurs parents. La violence parfois répétée que peuvent subir les enseignants et la direction est insupportable. Certes, l’Institution tente d’endiguer cette montée comme en témoigne l’apparition de chargés de missions «situations complexes», mais cet effort est très largement insuffisant. Cette maltraitance laisse des traces et fragilise les collègues et l’Éducation nationale.

Il n’existe, dans l’immédiat, aucune réponse digne de ce nom face à des agressions répétées, à de nombreuses formes de violence qui ne tombent pas, ou très difficilement, sous le coup de la loi. Les quelques pistes proposées par l’administration ne sont guère satisfaisantes et constituent tout au plus un pis-aller : RSST avec délai de traitement de plusieurs mois, « faits établissement » occasionnant des démarches administratives pour peu d’aide à l’arrivée, courrier du supérieur hiérarchique qui a valeur de soutien certes, mais dont le parent n’a souvent cure…

Lire la suite