B comme… boniments

Si un an tout juste après le premier confinement, nous y voyons un peu plus clair, c’est malheureusement uniquement parce que les jours rallongent avec l’arrivée du printemps. En ce qui concerne l’épidémie, l’heure des beaux jours n’a pas encore sonné…

En mars 2021, la situation sanitaire suscite toujours à l’école plus qu’ailleurs de nombreuses inquiétudes comme nous le montrent les nombreux témoignages que le SNALC reçoit sur le sujet.

Les enseignants de la zone B, les derniers à partir en vacances d’hiver, ont vu dans le Nord comme dans le Sud de nombreuses classes et écoles contaminées déclarées clusters, qui ont demandé en vain le droit de fermer sans attendre les vacances. En vain car le ministre s’est voulu comme toujours rassurant en réaffirmant à la mi-février que le virus ne circulait pas beaucoup dans les écoles et que c’étaient les périodes des vacances qui en facilitaient la propagation. Ce qui nous a inquiété n’était pas tant le discours rassurant de Monsieur Blanquer mais plutôt la découverte de l’intelligence particulière du variant anglais qui, pour contredire le ministre, a préféré s’attaquer en priorité à la zone « B » comme « Britannique » ou « Bobard » très certainement.

Il a donc fallu attendre la rentrée des zones A et C et l’arrivée des variants pour que des écoles soient totalement fermées dès les premiers cas. Il faut dire que jusqu’ici, les enfants n’étaient pas vraiment un sujet d’inquiétude car pas vraiment contaminés, ni vraiment contaminants, puisqu’asymptomatiques, la belle affaire ! Mais désormais, de plus en plus d’élèves développent des symptômes et « ça se voit ». Par la force des choses, le ministre qui se veut toujours rassurant, est donc passé début mars de «ne circule pas beaucoup dans les écoles » à « ne circule pas plus qu’ailleurs ». Une nette amélioration dans l’information donnée aux familles ! Encore une fois, ce qui nous a inquiété n’était pas tant le discours rassurant du ministre mais plutôt dans le même temps, l’annonce soudaine de 50 000 tests salivaires qui avaient été mis à disposition des écoles de la zone A, fin février. Ce nombre annoncé par le ministre est passé en 24 heures de 50 000 à moins de 10 000 tests réalisés en une semaine, puis dans les faits à 3 000 seulement selon le cabinet du ministre. De la même manière, l’information des 300 000 tests salivaires par semaine promis pour la mi-mars par Monsieur Blanquer a finalement été rectifiée par le cabinet avec une date repoussée. Tout va bien, donc.

En attendant, sur le terrain, pendant que le ministre laisse penser que tout est sous contrôle, le SNALC affirme que dans les faits avec des protocoles sanitaires toujours aussi inapplicables, la situation ne peut pas être dite « sous contrôle ». Pour autant, il ne serait pas improbable que très prochainement, on nous confirme que les tests salivaires ont prouvé que finalement, le ministre avait raison : très peu d’enfants sont touchés par le virus ! Précisons que les 300 000 tests salivaires par semaine soumis à autorisation parentale ne concernent qu’un échantillon sélectionné d’écoles par département, à un instant T…

Nous l’avons compris, au travers des diverses séquences vidéo « sportives », de clips musicaux ou encore de reportages « Tik Tok » ou « Konbini », mai 2022 approche. Pour l’heure, il s’agit pour le gouvernement de montrer que tout est maîtrisé quoi qu’il en coûte, coûte que coûte, et que tout va bien. Au regard des boniments et de la propagande diffusés dans les médias autour de l’école, nous, professeurs, savons qu’il s’agit d’un subtil jeu de jonglage de quilles : Bercy, le moral des français, l’école, le risque sanitaire et les prochaines élections. Le jeu est risqué car si l’une des quilles tombe, elles tomberont toutes.

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