Élargir l’accueil des personnels soignants
Chaque fois que nous avons envisagé cette hypothèse, on nous a reproché une « école garderie ». Avec une progressivité par niveaux, on veut garder la charpente de l’EN et consolider les élèves sur le plan des savoirs.
Le bénéfice éducatif de revenir à l’école est réel, y compris quand il y a des grands enjeux comme celui que nous traversons. Se rattache à l’enjeu de l’école en mai-juin, celui des vacances d’été, avec une dimension éducative : il s’agit de créer une chaîne cohérente entre les 4 périodes : 15 mars-11 mai, 11 mai-4 juillet, juillet-août, et pour finir septembre et les mois suivants. On ne peut pas faire fi de l’état des élèves (psychologique, pédagogique…) et se donner rendez-vous en septembre.
Ces sujets sont fondamentaux. La culture républicaine et la culture de l’école de la République doivent se retrouver dans cette période dans la maison Éducation nationale.
Sur la taille des groupes : le chiffre de 15 n’écrase pas les autres impératifs sanitaires. Si la classe ne le permet pas, le groupe fera moins d’élèves.15 est un maximum, ce sera précisé dans la circulaire de reprise.
C’est une bonne idée d’ajouter des schémas. Le ministre partage les remarques du SNALC et ajoutera des précisions sur la distanciation physique. Attention à l’effet inverse, de sorte qu’on n’aboutisse pas à quelque chose de compliqué, ou infaisable, ce qui ne paraît pas être le cas des schémas, faciles à manier et à comprendre.
Commentaire du SNALC : Le SNALC attend donc le schéma où 15 élèves sont dans une distanciation physique permettant les déplacements dans 50m2.
Quand un point du protocole n’est pas respecté , le chef d’établissement ou l’IEN doit le signaler. S’il n’est pas rectifié ni rectifiable, la fermeture sera décidée.
Pour les personnes à risques , l’objectif est la bienveillance et le pragmatisme, le bon sens. Nous retiendrons probablement le mécanisme de l’attestation sur l’honneur. Pour certaines personnes, il est psychologiquement très difficile de revenir physiquement. Le ministre précise qu’il ne juge pas de la rationalité de ces cas. On fera confiance à la conscience de chacun, sachant que quand quelqu’un est vulnérable, sa conscience peut lui dicter de rester chez lui. Une énumération indicative des éléments de vulnérabilité sera faite comme vous le demandez.
Sur les personnels-parents qui n’enverraient pas leurs enfants à l’école , le ministre doit s’entretenir avec le ministre du travail.
Sur la progressivité de reprise en primaire , les situations locales sont très différentes. Le ministre détient plusieurs scénarios qui montrent qu’il est possible d’arriver à une organisation pragmatique. Les priorités pour les CP et CM2 sont indicatives. Localement, cela peut varier selon les effectifs par exemple. Les directeurs d’école, en lien avec les communes, décideront. Il faut compter avec la complémentarité de l’approche par niveau et de l’approche transversale. Par exemple, si ce sont les CP et les CM2 qui rentrent, ça devient 2 demi-groupes de moins de 15 élèves de CP et de CM2, et peut-être que l’équipe va créer un groupe multi-niveaux pour les élèves qui ne sont pas de ces niveaux-là mais qui relèvent des 4 catégories prioritaires d’accueil : ça fera 5 groupes dans la journée, mais dans tous les cas, les groupes sont tous pédagogiques – avec l’intérêt accru des « petits groupes », pas seulement sur le plan sanitaire.
Les écoles en zone rouge : Le Premier ministre a choisi cette stratégie de montée en puissance. Les études nous démontrent qu’il faut privilégier le 1er degré sur le plan sanitaire car il y a moins de contagiosité pour les moins de 10 ans. Mais il y a aussi une dimension sociale très importante : il est regrettable pour des raisons sociales par exemple qu’un collège de Seine St Denis risque d’être en zone rouge et donc n’ouvrent pas en mai, ni peut-être en juin. Donc, le problème existe dans tous les sens. On sera cependant plus souples pour accepter des fermetures d’écoles en zone rouge qu’en zone verte.
Commentaire du SNALC : nous laissons les professeurs des écoles exerçant en zone rouge apprécier.
La décision d’ouvrir ou pas sera précisée dans les documents mais ne reposera pas sur la responsabilité du directeur d’école.
Les élèves seront maintenus dans une même salle . Certes les inconvénients que vous signalez existent mais la situation est exceptionnelle.
Les emplois du temps changeront dans la majorité des cas . La faible densité peut parfois permettre d’accueillir tout le monde avec l’emploi du temps précédent, mais dans la grande majorité des cas, l’organisation sera nouvelle et plus souple.
Commentaire du SNALC : la réalisation de nouveaux emplois du temps « plus souples » risque de ne pas être simple au vu des délais.
Les élèves en situation de handicap sont prioritaires . Nous aurons des documents plus précis. Un travail a été fait avec la secrétaire d’État aux personnes handicapées pour apporter ressources et appuis aux différents acteurs. Pour certains, ce sera mieux de rester, pour d’autres il y a urgence à revenir à l’école.
Pour les AESH , le ministre dit avoir le sujet à l’esprit. Il fera sans doute un courrier spécifique pour ces personnels, qui sont sous le même régime que les professeurs pour ce qui concerne les questions de vulnérabilité. Les AESH peuvent aussi s’occuper d’autres enfants s’il n’y a pas d’enfants en situation de handicap. Le ministre dit avoir été un avocat fort pour l’amélioration du statut des AESH, avec des contrats plus solides et une meilleure prise en considération RH par l’EN, qui a vocation à aller plus loin dans le futur. Leur appartenance à la communauté éducative doit se voir particulièrement dans cette période.
Commentaire du SNALC : si l’enfant dont s’occupe habituellement l’AESH n’est pas présent, ce dernier pourra quand même se mettre en danger en s’occupant d’un autre.
Pour l’accueil des enfants de soignants et personnels indispensables, cela relève du mécanisme transversal précédemment évoqué s’ils ne sont pas concernés par les groupes de niveaux.
Commentaire du SNALC : sauf que lorsque tous les niveaux auront repris, cela ne fonctionnera plus. Comment les accueille-t-on à temps plein alors ?
Pour s’occuper des enfants qui restent à distance, s’il n’y a pas assez de professeurs, il y aura les remplaçants dans le premier degré. Une régulation des flux sera faite par les IEN et les directeurs d’école pour savoir, dès la semaine prochaine, sur qui ils peuvent compter ou non. Pour l’enseignement à distance, une mutualisation entre écoles est également envisagée. Enfin, le dispositif « Ma classe à la maison » permettra d’accompagner un élève indépendamment de l’intervention du professeur, qui ne représente pas 100% du temps de travail de l’élève à distance. Ceci sera écrit dans les documents de la DGESCO.
Commentaire du SNALC : la tâche des IEN et des directeurs d’école nous semble très compliquée à réaliser dans les délais impartis.
Enfin au sujet de l’EAF et du courrier intersyndical, le ministre s’étonne de voir que le SNALC, si attaché à l’examen avec épreuves terminales, réclame aujourd’hui de ne pas maintenir l’épreuve.
Le SNALC corrige le ministre et rappelle la position qu’il avait exposée devant lui en mars (1) . Il n’y a jamais eu de revendication du SNALC demandant de maintenir coûte que coûte l’EAF. Aujourd’hui, sans reprise des lycées avant au moins le mois de juin, tout le monde, y compris le ministre, doit se rendre compte que ce n’est pas possible. Tout cela a été dit unanimement, par le SNALC et les autres organisations syndicales, lors de l’audience DGESCO il y a 3 semaines. Edouard Geffray (DGESCO) confirme la tenue de cette audience.
Le ministre dit qu’il ne sera pas forcément rigide sur cette question. Pour lui, à ce stade, c’est peut-être encore possible. En maintenant l’oral de français, le ministre a voulu indiquer qu’il était attaché au contrôle terminal au baccalauréat, tout comme le défend le SNALC. En outre, les élèves doivent avoir un point de repère terminal. « Plutôt Phèdre que Netflix » résume le ministre au sujet de sa position qui visait à maintenir l’EAF, tout en déclarant qu’on va sans doute supprimer cet oral si tout le monde le demande et regrettant alors que l’on retienne une version moins exigeante qui laisse effilocher l’éducation en France. Il conclut en annonçant qu’il prendra sa décision le moment venu en fonction de la faisabilité.
Le SNALC rappelle ce qu’il a toujours dit depuis le début : nous sommes dans une situation exceptionnelle grave dans laquelle certaines valeurs et visions doivent forcément passer provisoirement au 2d plan, ce qui ne signifie pas qu’elles n’existent plus. Le SNALC a la responsabilité et la volonté de représenter des personnels très majoritairement angoissés ou en colère, enquêtes à l’appui. Il essaie depuis le début de trouver un chemin équilibré entre l’impératif sanitaire et les valeurs qu’il a toujours défendues. Pour le SNALC, c’est l’impératif sanitaire qui est actuellement prioritaire.
(1) « Le SNALC n’est pas dogmatique (« pas de doctrine sur la question »), notre seule exigence est, qu’en cette année spéciale, les élèves ne soient pas pénalisés. Pour cela, nécessaire d’envisager le pire afin de pouvoir y remédier. Le SNALC n’est pas opposé au contrôle continu s’il s’avère être nécessaire » (extrait du compte rendu de l’audience du 26 mars)