Compte rendu de visioconférence entre le SNALC et le ministre

Le SNALC a décidé de rendre publics ses comptes rendus d’audience avec le ministère, afin que l’ensemble des personnels soit informé de façon transparente sur la teneur des échanges, sur ce que nous portons et sur les réponses du ministère.

Pour le ministère :
– le ministre Jean-Michel Blanquer
– le Directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Geffray
Pour le SNALC :
– le président Jean-Rémi Girard
– les vice-présidents Toufic Kayal, Philippe Frey et Marie-Hélène Piquemal

Le ministre évoque la situation de déconfinement qui nécessite selon lui un « dialogue fréquent » et l’utilité de structurer par étapes et par hypothèses, en recueillant les réactions et réflexions, afin de gagner en précision.

Il fait part d’une volonté de tenir compte de certaines observations qui lui ont été adressées, notamment pour avancer progressivement. D’où le retard dans le second degré et l’incertitude sur l’ouverture des collèges et lycées d’ici l’été, même s’il souhaite ardemment que ce soit le cas. Il faut attendre le point qui sera fait fin mai sur la situation sanitaire.

La situation est exceptionnelle, historique, met en jeu notre pays, dans des heures graves de l’histoire de la France. Selon lui, le rôle syndical n’est pas de souligner chaque inconvénient de chaque situation mais de voir comment participer à la définition des chemins à construire.

Commentaire du SNALC : le ministre n’a pris aucun contact avec nous depuis l’audience du 16 mai, et ne nous a communiqué aucune de ses hypothèses de travail (ni le projet de protocole d’ailleurs).

Le ministre indique qu’il tient à garantir la santé des élèves et des personnels, mais qu’il attache énormément d’importance à la défense de l’école, au droit à l’éducation, même si ce serait plus simple pour le ministre de l’EN d’attendre septembre, voire un vaccin.

Le ministère a souhaité commencer par l’école primaire : CP-CE1 feront partie des premiers à rentrer car l’enjeu social par excellence est la consolidation des savoirs fondamentaux.

Trois points structurent le déconfinement : le domaine sanitaire, la doctrine d’accueil et la dimension pédagogique.
1. Le domaine sanitaire
Le projet de protocole sanitaire est inspiré des préconisations du Conseil scientifique et a été travaillé à la lumière de comparaisons internationales, des recommandations des autorités sanitaires, en collaboration avec le bureau Veritas, en vue d’obtenir un outil opérationnel.

2. La doctrine d’accueil
L’objectif est là aussi d’avoir un cadrage national : s’il est strict et incontournable pour les éléments sanitaires, il se veut ici plus souple et pragmatique afin de prendre en compte les réalités locales (bâtiments, personnels…). L’accueil pour le 1er degré et le collège se fera préférentiellement par niveaux, avec possibilité de s’organiser autrement localement. Cette organisation par niveaux est la charpente de l’EN, quoiqu’en disent ceux qui veulent faire de l’école une « garderie ». Il peut y avoir en fin d’année des choses pédagogiques très intéressantes.

Cette logique par niveau est complétée par une logique transversale « multi-niveaux », pour accentuer la dimension sociale de l’accueil. Le groupe transversal reçoit tous les enfants qui ne sont pas dans le niveau accueilli, notamment :
• les élèves en situation de handicap,
• les élèves décrocheurs,
• les enfants des personnels indispensables à la continuité de la nation et les enfants des professeurs qui iront travailler en présence,
• les fratries.

Par exemple, on peut imaginer que la première semaine, on accueille les CP et les CM2, divisés par deux, avec 13 élèves par classe, + un ou deux groupes transversaux avec d’autres élèves que CP ou CM2 pour accueillir les enfants mentionnés.

Quatre situations sont possibles pour l’élève :
• soit à l’école pédagogiquement au travail,
• soit à l’étude surveillée,
• soit chez lui (à 100% si la famille n’est pas « volontaire »),
• soit dans un dispositif de « 2S2C » pour sport-santé-culture-civisme développé parfois par les collectivités pour son épanouissement physique et son éducation à la santé.

Deux situations possibles sont possibles pour le professeur :
• soit physiquement à l’école ou au collège,
• soit chez lui, en raison de sa vulnérabilité ou celle d’un proche.

Le but n’est pas de forcer à venir, mais que chacun agisse en conscience individuelle et collective pour faire face à un péril bien réel. Les professeurs en télétravail suivront les élèves qui seront également chez eux. Ceux qui seront en présentiel n’assureront bien sûr pas les cours à distance.

3. La dimension pédagogique
Elle sera synthétisée dans une circulaire de la DGESCO dite « de reprise ». Il ne s’agit pas de boucler les programmes mais de se remettre en route, et consolider dans la perspective de l’an prochain. Cette circulaire sera complétée par des documents par niveaux, de la maternelle à la terminale, des outils, notamment d’évaluation des élèves, de la DGESCO, du CNED, de CANOPE.

RÉACTION ET QUESTIONS DU SNALC
Jean-Rémi Girard, président du SNALC, rappelle en préambule que le SNALC est représentatif dans le 1er et le 2d degrés et qu’il formulera des remarques sur le primaire comme sur le secondaire.

Il indique que les instances nationales du SNALC réunies en début de semaine ont voté à l’unanimité :
• que l’avis du Conseil scientifique doit être suivi, et la réouverture se faire en septembre ;
• que le SNALC est favorable à l’élargissement de l’accueil actuel sur les critères justement mentionnés par le ministre : sociaux et économiques.

Le SNALC ne changera pas d’avis.
Pour le SNALC, c’est la continuité pédagogique, avec ses défauts et ses réussites, qui doit se poursuivre. Actuellement, on met en œuvre quelque chose de très compliqué et de dangereux pour un bénéfice éducatif et éducationnel très incertain.

Nous avons plusieurs remarques et questions.
La taille des groupes
C’est la remarque la plus fréquente. Avant même l’élaboration du protocole, le groupe de 15 enfants n’est pas envisageable dans la plupart de nos classes compte tenu du bâti et de l’âge des élèves en primaire.
Le protocole est très détaillé sur de nombreux points, les collègues ne sont pas sûrs de se souvenir de tout ni de pouvoir tout appliquer. Pourtant, c’est flou sur les notions de distanciation. On a beaucoup entendu dans le débat que chaque élève devait avoir 4m², 8m² pour les adultes : c’était clair et compréhensible. Là, les injonctions imprécises pourraient susciter des questions sur ce qui sera suffisant ou non en termes d’organisation. Par exemple, si l’on veut placer 15 élèves + le(s) professeur(s) + l’ATSEM + l’AESH dans une salle de 50 m², sans compter les meubles, un calcul vite fait permet de voir que 15 élèves occupent déjà 60 m² et on n’a pas encore mis les adultes. Or le protocole prétend pourtant que l’on peut avoir un groupe de 15 élèves dans 50m².
Des schémas seraient souhaitables sur l’organisation recommandée par le protocole pour qu’on sache, si la réouverture a lieu, dans quelles conditions elle peut et doit se faire.

Que faire en cas de non-respect d’un point du protocole ?
Cette question concerne tous les personnels de l’EN, qui pourraient faire ce constat : quelle démarche collective ? qui avertir ? quelle démarche individuelle ?

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