Déconfinement : lettre des syndicats au ministre

Paris le 17 avril 2020

Monsieur le Ministre,

Personnels, parents d’élèves, élèves tiennent à vous faire part de la grande inquiétude suscitée par les annonces du président de la République sur la réouverture progressive des écoles et établissements scolaires à partir du 11 mai.

Tout le monde souhaiterait pouvoir reprendre l’école et sortir d’une situation où l’ensemble des élèves subissent les conséquences de la crise et où les inégalités scolaires se creusent. Mais les conditions seront-elles réunies à compter du 11 mai ? En prolongeant au-delà de cette date la fermeture des cafés, restaurants, lieux de culture, etc., le Président de la République a lui-même anticipé le maintien d’une situation de risque sanitaire nécessitant la poursuite de la plus grande vigilance.

Nous n’avons pas la prétention de connaître l’ensemble des procédures à appliquer. En, revanche, nous demandons à ce que les préconisations sanitaires pour la protection optimale de toutes et tous soient strictement respectées. Ce sont des conditions sine qua non à la reprise.

En tout état de cause, les éléments suivants nous semblent incontournables :

  • la mise en place d’une politique massive de tests qui devra correspondre aux préconisations du conseil scientifique et de l’OMS ;
  • la désinfection des écoles, services et établissements scolaires qui ont été fréquentés pendant la période de confinement avec des dotations en matériel spécifique (équipements, masques…) et une protection adaptée ;
  • la fourniture des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques chirurgicaux ou FFP2) en quantité suffisante pour les agent-e-s et les élèves adaptés à la situation de travail de chacun ;
  • les personnels dont la santé ou la pathologie le nécessite doivent bénéficier des mesures d’éloignement du travail et avoir un suivi médical tel que prévu par le décret 82-453 modifié ;
  • les élèves dont la santé ou la pathologie le nécessite, et celles et ceux dont les parents souffrent de grandes pathologies, doivent pouvoir être exemptés du retour en présentiel ;
  • des garanties concernant la limitation des effectifs par groupes dès le retour des élèves (retour qui ne peut être simultané de celui des adultes), pour permettre la distanciation sociale exigée par ailleurs, et ce pour l’ensemble des niveaux et tous les lieux fréquentés par les élèves et personnels (cantine scolaire, internats, couloirs etc.).

Depuis le 14 avril 2020, vous consultez les organisations représentatives des personnels, des parents d’élèves et le CNVL. Nous avons formulé nos propositions, nos attentes pour que la reprise quand et là où elle aura lieu se passe du mieux possible en termes de sécurité pour toutes et tous. Nous vous demandons de présenter vos propositions à l’issue de ce cycle d’audiences afin que nous puissions vous faire part de nos réactions, cela pourrait avoir lieu en multilatérale et dans le cadre des instances de dialogue social ministériel : CTMEN, CHSCTMEN et CSE avant toute reprise éventuelle et avant la communication au grand public. Nous vous demandons de vous assurer que ces mesures seront présentées dans les instances de dialogue social local (niveaux académiques et départementaux).

Enfin, des établissements scolaires ont été réquisitionnés ces dernières semaines pour permettre d’héberger des personnes sans domicile ou en grande précarité de logement et leur permettre de s’isoler, d’être soignés, de se reposer pour guérir. Partout où les préfectures et agences régionales de santé estiment que la réquisition demeure nécessaire au-delà du 11 mai 2020, les établissements doivent demeurer fermés pour que la politique nationale de santé face au Covid19 ne soit pas fragilisée. Si ces conditions n’étaient pas remplies, les risques encourus par les élèves, les personnels et la population devront conduire à différer l’ouverture des écoles et des établissements scolaires prévue à partir du 11 mai.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

2 réflexions sur « Déconfinement : lettre des syndicats au ministre »

  1. A quoi ressemble l’école dans ces conditions ? Un facteur anxiogène de plus ? Une source de contamination explosive ? L’homme est il bête ou ridicule ? Quel est le gain societal? Est il mesuré ? Atouts Risques ? Les risques ne sont ils pas supérieurs aux atouts ? Risques graves de contamination, manque total d’efficacité du système, Atout économique avec coûts sanitaires différés. Risque d’un été compromis, d’un automne avec rebond du virus… Gardons la raison pour le bien d’une nation !

  2. Retarder la « rentrée » c’est poursuivre l’effort entrepris qui est apparu comme PRIORITAIRE.
    L’enfant, l’adolescent ne « perdront pas » une année. Elle sera remplie d’une expérience forte, imprévisible dans ses développements, dramatiques pour certains d’entre nous.
    Continuons d’inventer des activités qui seront ( ou sont déjà ) comprises par nos jeunes. Elles s’accompagnent de réflexions sur notre fragilité quand notre arsenal de protection s’avère lui aussi bien incapable de résoudre la crise à notre place.
    Nous sommes les seuls, par notre sérieux, à faire que le retour à la vie « normale » soit bientôt possible.
    Si nous comprenons ça, il n’y aura pas d’année perdue et les temps à venir seront, je le crois sincèrement, plus solidaires, moins guidés par le profit et le « sauve-qui-peut ».
    Patience, « on les aura »!
    .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *