Heu-reux !

Parue en septembre 2021, la dernière note de la DEPP s’est intéressée aux professeurs des écoles, sur la base des résultats d’une enquête Talis de 2018. Son intitulé : satisfaction professionnelle et bien-être des professeurs des écoles.

Si on s’arrête à la lecture de l’encart, extrêmement positif, qui annonce que « les professeurs des écoles en France sont plus de huit sur dix à exprimer une perception positive de leur environnement de travail, marqué par une forte culture de collaboration. », on peut se dire que tout va bien et que l’ambiance est bonne !

Mais si on prend la peine de lire la note d’information en lien, on s’aperçoit que mis à part l’environnement et la collaboration, tout n’était déjà pas si formidable il y a 3 ans :

  • « Le soutien aux élèves à besoins éducatifs particuliers est pointé comme un besoin prioritaire d’investissement par plus de six enseignants sur dix en France et comme un enjeu majeur d’enseignement par les directeurs d’école. »
  • Sur les 6 pays européens consultés, la France détenait le record de 62% de professeurs des écoles à considérer le manque d’enseignants compétents dans la prise en charge d’élèves ayant des besoins éducatifs particuliers comme le problème majeur, parmi tous ceux portant atteinte à la qualité de l’instruction au niveau de l’école.
  • « Les enseignants de classe élémentaire comme les directeurs d’école rapportent exercer dans des écoles caractérisées par des relations positives au sein de l’équipe pédagogique. Par exemple, plus de huit professeurs des écoles sur dix considèrent qu’il existe dans leur école une culture de collaboration qui se traduit par un soutien mutuel et que le personnel peut participer activement aux décisions concernant l’école ».

À chacun de ces points évoqués, on a envie de réagir par un « Ah bon ? » ironique ou un « Aïe ! » inquiet pour la suite.

En 15 ans, nous sommes passés de plus de 71 400 élèves en situation de handicap scolarisés en classe ordinaire à plus de 147 000, soit un nombre d’élèves en inclusion multiplié par deux. (Document de travail – série synthèses, n°21.S02, août 2021, DEPP).

Avez-vous entendu parler d’une multiplication par deux du nombre des postes RASED à l’issue du Grenelle de l’Éducation ?

Est-ce que la mise en concurrence des écoles avec la part variable de la 3e tranche de la prime REP + va adoucir les mœurs ?

En quoi l’instauration d’une autorité fonctionnelle pour les directeurs d’école va-t-elle participer à « la reconnaissance du travail des directeurs » ? En quoi « L’esprit d’équipe qui en résultera bénéficiera à la réussite des élèves » aux dires des tweets de notre ministre ? L’instauration d’un maillon hiérarchique au sein des écoles va plutôt nuire immanquablement à cette ambiance de « collaboration » et de « soutien mutuel » dans les écoles, relevée par la DEPP.

Sans lire dans le marc de café, le SNALC peut déjà vous prédire, avant la DEPP, des données sur la satisfaction professionnelle et le bien-être des professeurs des écoles en 2021-2022 : nos conditions de travail ne font que se dégrader et les propositions, mesures ou lois diverses et variées du moment, adoptées ou pas, ont plutôt l’air de cadeaux empoisonnés à défaut d’être des réponses adéquates. Les désirs de mobilité et de reconversion, notre retard salarial et les besoins financiers tout au long de notre carrière, au point d’avoir recours à l’action sociale même à la retraite, ne sont-ils pas des indicateurs évidents du mal-être de notre profession ?

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