La crise des recrutements n’est pas conjoncturelle

Si la modification — idiote et mal organisée — de la place du concours en fin de M2 a contribué à assécher les viviers de candidats cette année, elle est très loin d’expliquer à elle seule les 4000 postes non pourvus et les « job datings » qui ont suivi.

En effet, certaines disciplines sont structurellement déficitaires désormais dans le second degré (mathématiques, lettres classiques, allemand…), et les académies de Versailles et Créteil organisent chaque année ou presque un second concours pour les professeurs des écoles afin de sauver les meubles.

Pour le SNALC, la cause première de la crise est le manque d’attractivité du métier. Ce dernier s’explique tout d’abord par les questions salariales (perte de pouvoir d’achat, notamment en milieu et seconde partie de carrière), et ensuite par les conditions de travail (classes surchargées, incidents, réunionnite, manque de soutien ou de considération de la part de la hiérarchie et de l’administration).

Il est à noter que non seulement le recrutement est de plus en plus difficile à faire, mais également que de plus en plus de collègues en place souhaitent partir. Les chiffres du bilan social du ministère à ce sujet sont parlants :

Le recours à des professeurs contractuels dans le second, mais aussi désormais dans le premier degré, est un révélateur de la crise. Ces collègues, dont une partie ne finira pas l’année scolaire, servent de variable d’ajustement pour sauver les apparences. Précaires, mal payés, peu ou pas formés, ils peuvent aussi être les premières victimes des réformes pédagogiques. L’an dernier à Versailles, de nombreux contractuels de mathématiques n’ont pas été renouvelés car les besoins en mathématiques avaient baissé, sans doute en lien avec la réforme du lycée général qui a tiré vers le bas le nombre d’heures de mathématiques.

Pour le SNALC, les annonces du type « pas un enseignant à moins de 2000 euros par mois » sont inefficientes. C’est le pouvoir d’achat de l’ensemble des collègues qui doit augmenter par un rattrapage salarial pour tous, sans contreparties. La revalorisation morale de la profession ne peut faire l’économie d’une revalorisation financière.

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