La réflexion sur les méthodes d’apprentissage de la lecture ne peut se résumer en un seul texte tant la question est fondamentale. Le sujet est complexe et polémique car iI est autant un débat pédagogique qu’une querelle idéologique. Un petit rappel historique s’impose.
LES MÉTHODES DE LECTURE : LE SEMPITERNEL DÉBAT GLOBAL/SYLLABIQUE
Tout d’abord, dans la langue française, chaque lettre ou groupe de lettres (graphème) correspond à un phonème du langage parlé. Toutes les langues ne fonctionnent pas, évidemment, à l’identique. Le français présente une difficulté particulière : la correspondance entre graphèmes et phonèmes n’est pas toujours régulière. Puisque chaque phonème ne correspond pas à une lettre de l’alphabet, l’apprentissage de la lecture du français n’est pas si aisé, contrairement à ce qui se passe en Italie ou en Allemagne où les élèves savent lire 95% des mots dès la fin de la première année d’école primaire.
Malheureusement, le français (comme l’anglais) présente de nombreuses irrégularités : certains phonèmes sont représentés par des suites de lettre (on, in), et certains graphèmes peuvent se prononcer de multiples façons (chorale/chocolat).
Il est indispensable pour l’apprentissage de la lecture de retenir les associations entre les lettres et les sons, les correspondances graphèmes-phonèmes, mais également mémoriser une série d’exceptions et de mots irréguliers. L’enfant prélecteur est attentif aux mots entiers. Or, apprendre à lire implique de décomposer les mots parlés, d’abord en syllabes puis en phonèmes élémentaires, ce qui n’a rien d’évident pour un élève de CP.
Pour simplifier, on peut dire que « la méthode syllabique » consiste à apprendre aux élèves à associer les syllabes et donc les phonèmes qui les composent pour pouvoir décoder le son du mot. Néanmoins, le terme syllabique est impropre et il est préférable de parler d’alpha-syllabique ou phonémique pour tenir compte des mots irréguliers.
Et la méthode globale ? Il s’agit d’une méthode inventée par le médecin et psychologue Ovide Decroly qui se base sur l’ensemble du texte et sur le sens. Elle réfute l’apprentissage phonémique systématique. En réalité, elle n’a quasiment pas été utilisée telle quelle en France. Mais sous l’influence de l’inspecteur Foucambert, on a utilisé un dérivé de cette méthode, l’idéo-visuelle. Celle-ci se veut aussi basée sur une approche globale qui tienne compte de la personnalité de l’enfant, qui parte du mot entier voire de la phrase entière sans passer par le déchiffrage des phonèmes ni la mémorisation des sons. L’apprentissage de l’orthographe se faisant, ensuite, par l’écrit.