Le mot du président : l’école sans la confiance

Jean-Rémi GIRARD
Président national

L’école de la confiance était, on s’en souvient, la formule de com’ trouvée par Jean-Michel Blanquer pour exprimer sa défiance réelle envers les personnels de l’Éducation nationale et leurs représentants. Rarement, dans notre histoire, on aura vu une aussi belle antiphrase.

Le SNALC le rappelait le mois dernier aux députés de la commission éducation : ce n’est pas parce que Blanquer est parti que la confiance, elle, est revenue. Bien au contraire : ministre après ministre, on a pu constater que les personnels de l’Éducation nationale étaient toujours soupçonnés d’incompétence. Les professeurs des écoles, agents de catégorie A, sont traités comme s’ils étaient à la fois de parfaits incapables et des empêcheurs de tourner en rond. Dernier exemple en date : des programmes qui ressemblent davantage à un livre de recettes de cuisine qu’à un ensemble de contenus à transmettre dans le cadre de la liberté pédagogique. Entre les injonctions sur les durées quotidiennes et hebdomadaires, les nombres de mots à faire lire à la minute et les listes de points de vigilance, ces programmes sont tout simplement impossibles à mettre en œuvre, et le professeur des écoles sera forcément fautif. Heureusement, une IA maison à 20 millions d’euros pourra bientôt vous aider à préparer vos cours, car visiblement vous n’en étiez pas capable seuls.

Et que dire de l’école inclusive ? Professeurs et AESH sont logés à la même enseigne. Non seulement on ne leur reconnaît aucune compétence, mais de surcroît on ne leur permet pas d’y voir plus clair. Vous voilà coupables de tout sans être responsables de rien.

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Arrêts maladie pendant les congés : un report possible ?

Dans son arrêt du 10 septembre 2025, la Cour de cassation a jugé que les salariés du secteur privé qui déclarent un arrêt maladie pendant leurs congés peuvent reporter ces derniers. Il est possible que beaucoup de nos collègues de la fonction publique, territoriale ou hospitalière ignorent qu’ils bénéficient des mêmes dispositions et depuis longtemps, en application du décret 84-972 du 26 octobre 1984 et de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne.

En effet, lorsqu’un fonctionnaire n’a pas pu prendre tout ou partie de ses congés annuels pour des raisons de santé, ils sont automatiquement reportés dans la limite de quatre semaines sur une période de quinze mois (cf. circulaire du 22 mars 2011).

Ces raisons de santé sont les CMO, les CLM, les CLD, les CITIS, la disponibilité pour raison de santé pour les titulaires, les congés de maladie ou de grave maladie, pour accident de travail ou de maladie professionnelle pour les contractuels.

Les congés annuels qui peuvent être reportés sont les congés acquis avant la mise en congé pour raison de santé et les congés acquis pendant le congé pour raison de santé.

Toutefois, pour les professeurs qui tombent malades pendant les congés d’été, il est possible que l’administration leur réponde qu’ils peuvent récupérer leurs congés pendant les vacances de la Toussaint suivantes et non pendant les jours de travail suivants. En effet, les enseignants bénéficient comme les autres fonctionnaires d’un congé annuel d’une durée égale à cinq fois leurs obligations hebdomadaires de service. Le report d’un congé de maladie lors des congés d’été est donc censé être fait pendant les autres vacances scolaires (cf. jurisprudence du Conseil d’État, décision n° 349896).

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Le manège effrayant d’une école en crise

L’École semble coincée dans les rouages d’une tourmente politique qui, tel un carrousel infernal, tourne inlassablement…  Sa musique, d’abord familière, est devenue aujourd’hui assourdissante, oppressante, presque effrayante : celle d’un manège qui emporte les espoirs et épuise les énergies. Ce cycle infernal donne le tournis et occulte l’urgence d’une situation pourtant critique. Pendant que les responsables politiques se disputent les projecteurs, la société reste en suspens. Mais la réalité de l’École, elle, continue inexorablement de se dégrader. Les problèmes s’accumulent, les incohérences aussi. Rien ne va plus. Les relations, de plus en plus conflictuelles avec les parents, en témoignent. Ces derniers ont perdu confiance — et pour cause : une grande partie des professeurs des écoles également.

Depuis des années, comme si l’instabilité était devenue la norme, les professeurs des écoles sont ballotés au gré des vents politiques, sans jamais savoir si les réformes de la veille seront encore valables le lendemain. Ainsi, une fois de plus, dès septembre, à peine les cartables ouverts pour la rentrée, la menace d’une dissolution politique planait déjà, ajoutant une nouvelle incertitude à un quotidien déjà fragile. Et c’est le retour des mêmes rengaines et de la même petite musique : durée des vacances infiniment trop longues ou semaine de 4 jours tellement dévastatrice…

Après quelques semaines de classe, les professeurs des écoles ressentent donc déjà un sentiment d’épuisement, las d’un métier devenu trop éprouvant.

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Syndicat enseignant