Recours rendez-vous de carrière : la fosse abyssale

Le SNALC n’en finit pas de s’étonner au gré des instances auxquelles nous siégeons que l’administration, de son plus humble représentant jusqu’au plus haut placé, n’ait de cesse de nous répéter qu’il est temps de faire confiance au système et que la nouvelle donne en vigueur n’a pas vocation à nous inquiéter. Le PPCR en tête. Allons, un peu de sérieux… Comment faire confiance à une administration tentaculaire qui n’a de cesse de nous entraîner par le fond ? Une fois dans les abysses sans lumière d’un rendez-vous de carrière raté (souvent pour de non moins obscures raisons), impossible de remonter à la lumière du jour.

Anecdotes en eaux troubles
Les exemples de rendez-vous de carrière ratés ne manquent pas et ils prêteraient à sourire s’il n’y avait pas, entre deux eaux, une personne qui vit immanquablement comme une humiliation cette expérience. Et dont la motivation coule toujours plus au fond. En effet, si la reconnaissance du travail bien fait par la hiérarchie n’est pas le seul moteur du sous-marin enseignant, il est clair que celui-ci, frappé par les torpilles tant injustes qu’injustifiées des destroyers de l’inspection, s’enfonce brutalement dans les abymes. La voie d’eau de cette dépréciation n’est pas sans conséquence à une telle profondeur.

Une enseignante se voit attribuer seulement 2 « à consolider » sur 11 items. L’avis final « à consolider » nous pousse à interroger l’administration qui répond, avec un aplomb de lamproie, que ce n’est en aucun cas mathématique, auquel cas il suffirait  de laisser calculer la machine ! Avant d’ajouter que peu d’enseignants ont des « à consolider » et que quand il y en a deux, il faut que l’avis final soit « à consolider » ! Les quotas, dont on nous a dit qu’ils n’existaient pas, ont l’air plus tangibles à l’éclairage de ce genre de cas. Pire, devant notre emportement, l’administration précise pernicieusement que « à consolider » n’a rien de discriminant et que cela indique simplement des compétences en cours d’acquisition et perfectibles. Le SNALC rappelle qu’on ne le saura jamais car les avis sont… pérennes ! Point de possibilité d’évoluer, la sentence est définitive.

Le SNALC ne manque pas de mettre en avant que certains items ne sont pas de l’ordre de l’évaluable au sein d’une observation d’à peine une heure. Surtout quand l’IEN ne fait à aucun moment allusion aux points reprochés dans le rapport écrit (transparence et honnêteté, quand tu nous tiens). Selon l’administration, ce jugement n’appartient pas aux syndicats (le roi a dit, vive le roi) et tous les items ont même valeur. Tiens donc ?!? On nous a dit, au sein de la même académie mais dans le département d’à côté, que certains items avaient plus de valeur que d’autres. Nous comprenons qu’il y a autant de règles que de cas et que le sous-marin prend l’eau. Merci le PPCR ! Ouf : le SNALC a été un des rares syndicats à voter contre…

A noter, si 2 « à consolider » l’emportent, en revanche dans le cas de 4 « satisfaisants » et 7 « excellents », les excellents ne l’emportent pas. Il y a deux poids et deux mesures. Ce doit être le mal des grandes profondeurs.

Au final, le professeur des écoles est par le fond avec un tuba percé quand l’administration toute puissante est en batiscaphe : David contre Goliath – la loi du plus fort – merci-au-revoir – coule au fond pauvre minable ! L’incompréhension prévaut et elle mène au sentiment d’une injustice elle aussi profonde. Surtout que les DASEN réaffirment à chaque occasion leur entière confiance en leur IEN. Et, en parallèle, le peu de foi et d’estime qu’ils accordent aux professeurs des écoles.

L’administration est waterproof
Que dire des collègues loués pour leurs états de services qui, au moment du rendez-vous de carrière hors-classe, censé couronner leur investissement, sont lestés de plomb par l’administration pour qu’ils aillent plus vite par le fond ?

On peut y regarder de près : série d’inspections antérieures élogieuses et annotées par un DASEN dithyrambique. Oui, mais quand on n’a pas les palmes académiques, il faut palmer pour remonter à la surface. Car l’avis du PPCR s’écarte de ceux récoltés tout au long de sa carrière et cela se conclue trop souvent par un maigre « satisfaisant » (deuxième appréciation la plus basse, rappelons-le). Abymes troubles et insondables une fois de plus.

Pire : la double peine, l’humiliation ultime quand l’administration propose un accompagnement pour justifier les appréciations de l’IEN à l’agent. Prendre l’enseignant pour un gobie les yeux dans les yeux !  « Pour qu’il sache comment son niveau a pu baisser…Pour que cela soit meilleur la prochaine fois » Et quand le SNALC rappelle qu’il s’agissait de son dernier rendez-vous de carrière, et qu’on nous répond, sourire à l’appui, « ah… c’est dommage… », on ne peut que se féliciter une fois de plus de ne pas avoir signé ce PPCR, qui a donné les pleins pouvoirs à l’administration pour nous torpiller entre deux eaux.

Le SNALC ne cessera pas de dénoncer ce système d’évaluation inepte et inique qu’il refuse plus que jamais. Vous l’aurez bien compris : les enseignants prennent l’eau et l’administration est waterproof, c’est un fait !

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