En septembre 2018, l’OCDE a publié son rapport annuel «Regards sur l’éducation», qui compare les systèmes éducatifs de ses membres. Et comme chaque année, les médias se sont saisis de l’occasion pour se demander si les enseignants français, dont le niveau de rémunération est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE, sont réellement mal payés. En effet, il est toujours tentant d’essayer de justifier la médiocrité des salaires des enseignants français, désormais bien connue, en disant qu’ils travaillent moins que leurs homologues étrangers. Mais qu’en est-il réellement ?
Voici quelques-unes des données publiées par le rapport, qui fournissent des indications sur les rémunérations des enseignants et leur charge de travail.
- Tout d’abord, on constate que les enseignants français perçoivent effectivement une rémunération très inférieure à la moyenne.
- Ensuite, les indicateurs démontrent que contrairement à une opinion tenace, l’enseignant français travaille beaucoup : le nombre d’heures devant élèves et le nombre d’élèves par classe sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Les chiffres indiquent donc ce que les enseignants savent déjà : ils n’ont pas à rougir de la quantité de travail qu’ils fournissent, d’autant que leur charge de travail globale s’accroît avec les réformes. La dernière étude publiée par la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) indique qu’en 2010, les professeurs estimaient en moyenne leur temps de travail à plus de 40 h par semaine.
- Ainsi, très logiquement, le coût salarial annuel des enseignants par élève en France est très nettement inférieur à la moyenne, comme l’indiquent les trois dernières colonnes du tableau. On aura donc beaucoup de mal à ne pas en conclure que l’État français manque considérablement d’ambition et ne prend pas la mesure des enjeux que représente l’éducation pour notre économie et notre cohésion sociale.
Le constat est donc sans appel : oui, les enseignants français sont mal payés et mal considérés. Ils le sont par rapport aux autres fonctionnaires français, comme nous l’avons démontré dans notre précédent article, et ils le sont par rapport à leurs collègues étrangers.
. Les rémunérations sont en dollars. Elles correspondent au «salaire statutaire des enseignants sur la base des qualifications les plus courantes».
. Pour la France, la rémunération « inclut la moyenne des primes fixes au titre des heures supplémentaires pour les enseignants des premier et deuxième cycles du secondaire».
. Nous avons pris les données salariales après 15 ans de service, qui semblent les plus pertinentes. En effet, les chiffres paraissent fantaisistes pour la France en fin de carrière (tout en restant inférieurs à la moyenne de l’OCDE!). L’OCDE estime notre rémunération à 54 000 $ (soit près de 3 000 de moins tout de même que la moyenne de l’OCDE), ce qui correspondrait à environ 4000 € mensuels. Seuls les certifiés à la classe exceptionnelle et les agrégés hors classe peuvent prétendre à un tel traitement brut, avec 2 HSA, ce qui concerne donc bien peu d’enseignants.
. Le rapport « Regards sur l’Éducation » et ses indicateurs sont consultables ici.