Rendez-vous de carrière : l’heure du bilan

Le SNALC a été reçu début janvier par l’Inspection Générale dans le cadre d’un travail d’évaluation sur la réforme PPCR qui n’avait pas encore été fait. Il s’agissait plus particulièrement de dresser un bilan des rendez-vous de carrière cinq ans après leur mise en application. L’occasion pour le SNALC premier degré d’exprimer ses plus vives réserves quant à la pertinence du produit.

Le SNALC premier degré n’a pas hésité à rappeler le manque d’objectivité de l’évaluation mise en place et l’opacité autour des critères d’attribution des avis et de l’appréciation finale. Il en résulte un sentiment d’une immense injustice par bon nombre de professeurs des écoles qui se sentent parfois humiliés par ce qui s’apparente à de la déconsidération. Rappelons qu’un DASEN peut s’opposer à une promotion de grade dans le cadre d’une sanction disciplinaire. Une appréciation “À consolider” ou même « satisfaisant » qui empêche un collègue d’avancer, (encore plus au 9ème échelon qui conditionne le passage à la HC), est justement souvent vécue comme une sanction disciplinaire.

Comme l’a souligné le SNALC lors de la réunion, le sentiment d’injustice est d’autant plus fort qu’à la lecture des intitulés des items, on comprend qu’il ne faudra pas s’attendre à une observation objective de l’IEN. Certains items sont en effet inadaptés au premier degré quand d’autres ne sont absolument pas évaluables en quelques dizaines de minutes, comme par exemple, la « maîtrise » des savoirs disciplinaires en élémentaire ou encore « l’accompagnement des élèves dans leurs parcours de formation » en maternelle. Le « bilan de carrière » de l’IEN repose donc sur une observation subjective de quelques dizaines de minutes qui ne peut avoir d’autre fin que d’attribuer un avis approximatif sur des compétences inadaptées et non évaluables d’un PE. En termes d’objectivité, on a vu mieux…

Le SNALC n’a malgré tout pas manqué de préciser que dans certains cas, les critères de validation pouvaient être bien plus objectifs (aux yeux de l’inspecteur bien sûr) et que certains avis étaient fortement conditionnés par la capacité des collègues visités à répondre favorablement aux attentes professionnelles de l’institution ou encore par la motivation suscitée à occuper certains postes intéressants pour la circonscription. Quand l’évaluation ne récompense pas le mérite mais l’asservissement des collègues, le SNALC ne peut que s’insurger.

Le SNALC a insisté sur l’impact destructeur de ce RDVC sur beaucoup de collègues. Le sentiment d’injustice désespère les plus anciens qui se sont investis et perdent définitivement la motivation pour les années qu’il leur reste. Difficile de s’entendre dire que finalement, aux deux tiers de la carrière, on est mauvais…

Qui plus est, le manque de transparence concernant l’avis et l’appréciation, ainsi que l’absence de données chiffrées depuis la loi Dussopt, ne permettent plus d’avoir de la visibilité quant au passage à hors classe qui conditionne presque toujours la demande de retraite.

Au final, bon nombre d’enseignants dévoués pendant des années se retrouvent déçus voire désabusés, abattus, déprimés de voir leur travail de plusieurs années déconsidéré en quelques minutes. Comme s’il ne suffisait pas de travailler pour un salaire indécent, il a fallu créer comme souvent c’est le cas, un système injuste, humiliant pour beaucoup de professeurs des écoles. Au SNALC, on se demande comment le ministère peut encore s’étonner et réfléchir au pourquoi de la pénurie d’enseignants. Il serait grand temps de réfléchir plutôt à « comment redonner de la valeur à notre métier ». Le SNALC a rappelé que la pénurie ne s’explique pas seulement par un manque d’attractivité. C’est aussi la conséquence d’un manque de considération de l’institution elle-même. Non seulement le métier n’attire plus mais pire, il rebute.

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