Archives de catégorie : Direction

Direction d’école : il y a urgence !

Le SNALC demande depuis des années que les problèmes liés à la direction d’école soient enfin pris au sérieux, et regrette qu’il ait fallu le suicide et la lettre de Christine Renon pour obliger le ministère à réagir.

Une consultation formelle des organisations syndicales a été lancée la semaine dernière pour la mise en place d’un questionnaire à destination de chaque directeur. Certes l’analyse des résultats sera intéressante, mais le SNALC et les directrices et directeurs ont établi le constat depuis longtemps.

Devant l’urgence de la situation, le SNALC aurait souhaité que des mesures immédiates fortes et efficaces pour améliorer les conditions de travail des directrices et directeurs soient proposées. Les annonces faites lors du Comité Technique Ministériel de ce mercredi 13 novembre – à savoir une journée supplémentaire de décharge en novembre-décembre pour tous les directeurs, un moratoire sur toutes les enquêtes jusqu’à fin décembre, des groupes de suivi départementaux – ne changeront malheureusement pas le quotidien des collègues dans les prochaines semaines.

Au regard de la souffrance des directeurs et directrices, le SNALC considère que cet énième effet d’annonce n’est pas acceptable. L’analyse du questionnaire et des diverses réunions évoquées par le ministre repousseraient au mieux à septembre 2020 la mise en place de mesures à la hauteur du problème. Or il y a urgence.

Le SNALC insiste : s’il participera bien à tout le processus de négociation, il demande dès à présent une aide administrative immédiate pour chaque directeur.

Quand le harcèlement moral conduit au suicide

CACHEZ CES CHIFFRES QUE JE NE SAURAIS VOIR
Après une série de gestes désespérés qui n’en finit pas de s’allonger, le monde enseignant est frappé de stupeur et les médias enfin attentifs, pour un temps du moins, à la réalité douloureuse du quotidien des professeurs des écoles. Si le SNALC a fait de la souffrance au travail son cheval de bataille, les médias ont trop souvent fait l’impasse sur ces drames pourtant évitables. Et la hiérarchie, plus que de nier l’évidence, est parfois le facteur déclenchant de ces descentes aux enfers au retour impossible. Car force est de constater que les cas se multiplient au fil des années. Lors de l’année scolaire 2018-2019, 58 agents se sont suicidés. Or ils sont pourtant loin d’être tous médiatisés.

La raison en est simple : si un suicide ne peut pas être rattaché à une souffrance purement professionnelle, l’administration ne fait pas remonter les données. Et de fait, les statistiques s’en portent bien pour l’administration. Du moins, en apparence. Les derniers chiffres dont on dispose datent de 2002. Le taux de suicide des enseignants est élevé selon les données INSERM de l’époque : il y aurait 334 suicides de professeurs en moyenne par an pour 857.000 professeurs, soit un taux annuel de 39 pour 100 000. Depuis la rentrée 2019, on dénombre il y a eu 11 suicides et 10 tentatives. Or, seulement 0.5% de ces 334 suicides sont médiatisés chaque année. C’est dire le déni et le pas de vague mis en place depuis, proportionnels à l’ampleur du mal qui ronge la profession.
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Une éducation nationale en voie de « bullshitisation » ?

Le concept de «bullshit job» a été popularisé par l’anthropologue américain David GRAEBER (1) dès 2013 : il s’agit d’un travail inutile ou néfaste dont la personne qui l’exerce ne peut justifier l’existence même si elle feint parfois d’en proclamer l’utilité.

Le SNALC, qui défend notamment le noble métier de professeur, s’est toutefois posé la question : avec une évolution tendant à l’augmentation régulière de tâches inutiles, l’Éducation nationale serait-elle en voie de «bullshitisation » ?

GRAEBER a quantifié ce phénomène et considère qu’aux États-Unis seul 37% du temps de travail de la plupart des employés de bureau est réellement consacré à leur véritable activité professionnelle. Le reste se partage entre réunions inutiles, établissement de statistiques du même acabit, paperasse… Il identifie la numérisation comme en étant la cause principale (outre le développement d’un encadrement managérial).

Il souligne également l’ineptie qui consiste à traduire des expériences qualitatives en informations quantitatives traitées par ordinateur. Cela ne vous dit rien ?
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