L’enseignement des langues vivantes

Les positions défendues par votre syndicat

Le SNALC a été auditionné en compagnie des autres organisations syndicales représentatives du premier et du second degré par la mission MANES-TAYLOR chargée de dresser un bilan du plan de rénovation des langues vivantes et d’apporter des préconisations face à des évaluations internationales montrant des difficultés persistantes.

En préambule à son intervention, le SNALC a été la seule organisation à se montrer critique face à cette pratique récurrente qui consiste à remettre en cause les pratiques pédagogiques des enseignants sans jamais s’interroger sur le pilotage du ministère, des académies ou des corps d’inspection.

De même, le SNALC ne pouvait commencer son intervention autrement que par la question des moyens. Au primaire, en collège et en lycée, les effectifs ne permettent pas un réel apprentissage – encore moins un apprentissage axé sur les compétences orales – et en lycée, les horaires sont en totale contradiction avec les besoins. Cela est d’autant plus vrai en Terminale où les épreuves du baccalauréat réduisent un temps d’enseignement déjà bien trop court. L’enseignement des langues doit se penser en groupes restreints et en donnant le temps au temps.

Pour le premier degré
Pour le premier degré, le SNALC a mis l’accent sur l’inadéquation entre les objectifs affichés par l’institution pour des raisons politiques et l’absence de réelle formation ou de réel pilotage. Demander à des collègues d’enseigner une langue vivante, les présenter comme des professeurs ayant une vraie certification leur permettant de transmettre cette langue dans de bonnes conditions relève d’une forme de mensonge envers les parents et la société.

Débuter cet enseignement en CP induit une « sur sollicitation » de la mémoire auditive à un âge où l’absence de bases fixées en français empêche toute approche contrastive et toute fixation d’une autre langue. De même, si un enseignant a été mal formé, il ne peut que se retrouver en difficulté lorsqu’il s’agit de proposer un modèle linguistique à ses élèves.

Le SNALC premier degré tient à rappeler que lors du groupe de travail de 2015 sur la conception des programmes, il avait déjà soulevé que l’adossement du programme au CECRL augmentait la complexité de l’apprentissage des langues dans le premier degré de manière très importante. Nous avions alors réclamé que des moyens soient mis en place pour former les enseignants. Il nous avait été répondu que la réforme du collège avait phagocyté l’enveloppe de moyens. Nous avions dès lors demandé un temps de latence avant l’entrée en vigueur des programmes. Cela nous avait été refusé. Donc, nous avions demandé que les IEN fassent un travail d’accompagnement ou a minima fassent preuve de bienveillance. Il nous avait été répondu que l’inspection est indépendante. Il était donc inévitable que les résultats, quelques années plus tard, ne soient pas ceux escomptés.

Le SNALC demande que le CP soit le lieu de l’apprentissage des bases du français et que les langues vivantes prennent leur juste place une fois que le français a été suffisamment travaillé pour être fixé au mieux.

Par ailleurs, nous réclamons que cet enseignement soit réalisé par des enseignants du premier degré enfin correctement formés. En premier lieu, les modules de langues à l’ESPE doivent être beaucoup plus importants et pertinents. Dans un second temps, les professeurs des écoles doivent avoir droit à une réelle formation continue.

Pour le second degré
Pour le second degré, le SNALC a relevé une progression entre 2004 et 2010 puis une stagnation entre 2010 et 2017.

Globalement, nous regrettons que l’accent ait été mis sur les compétences au détriment de la langue elle-même. L’enseignement par projets, la mise en avant de la pédagogie actionnelle a relégué la langue au second plan. Loin de vouloir un retour en arrière, nous demandons un rééquilibrage du curseur.

Le SNALC demande que – tant dans la formation initiale que dans la formation continue – l’institution présente une vraie offre variée encourageant la liberté pédagogique et non des formatages ou des réunions s’apparentant à des groupes de parole stériles.

Conscient que le ministère est favorable au principe de l’évaluation par certification, le SNALC demande trois certifications :

  1. En fin de primaire ou en 6ème, servant de diagnostic pour l’enseignement en collège.
  2. En fin de 3ème, adossée au Diplôme du Brevet et donnant lieu à une note incluse dans l’examen.
  3. En Terminale, adossée au baccalauréat et remplaçant les épreuves actuelles, donnant aussi lieu à une note intégrée à la note globale du diplôme.

Ces certifications devront être construites par des enseignants en commissions d’élaboration afin qu’elles ne servent plus à enrichir des organismes privés ou semi-privés… et elles devront être nationales afin d’éviter les pressions dans les établissements, comme nous l’avons connu par le passé.

Le SNALC tient aussi à ce que l’apprentissage des langues ne se borne pas au « entre les murs ». Comme la France aime à prendre modèle sur ce qui existe dans les pays plus au nord, nous proposons que les programmes télévisés soient par défaut proposés en V.O. sous-titrée et qu’il faille faire la démarche de les passer en version doublée. Cela inverserait le rapport existant aujourd’hui.

Dans la même logique, nous considérons que la mobilité – des enseignants et des élèves – doit être encouragée et facilitée. Les programmes actuels tels e-twinning pour les élèves sont d’une complexité sans noms, les DAREIC existent mais sont peu connus hors les rectorats. De même, la possibilité d’échanges de postes ou le programme Jules Verne ont une existence. Mais ils souffrent d’un déficit de publicité mais aussi d’un déficit de moyens.

Le SNALC a remis ses propositions pour le primaire comme pour le secondaire à la mission MANES TAYLOR.

Merci confrères !
La question des effectifs et des horaires a globalement été un point de consensus entre les organisations syndicales présentes.

L’analyse du SNALC concernant les langues « hors les murs » a été unanimement partagée. La complexité des programmes a par ailleurs interpellé Mme MANES.

Hormis le SNUIPP, visiblement très attaché à l’enseignement des langues en CP, satisfait par la formation des collègues du premier degré et convaincu que la polyvalence ne s’arrête pas aux Langues Vivantes, toutes les organisations ont pointé du doigt l’enseignement précoce des Langues Vivantes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *