Lancé le 23 avril, le «petit-déjeuner à l’école» a reçu un accueil assez mitigé : salutaire pour les uns, il déresponsabilise les familles pour les autres. Pour le ministre, «On n’étudie pas bien si on a le ventre vide». Pour le SNALC, ce dispositif pose des questions à la fois organisationnelles, pédagogiques et sociales.
Cinq enfants par classe viennent étudier avec le ventre vide. Pour diverses raisons allant de difficultés d’ordre social au manque d’appétit lorsque l’on est levé très tôt le matin. La mesure lancée par le M. BLANQUER a donc pour objectifs de donner des habitudes aux enfants et d’être incitative à l’égard des familles. Pour ce faire, deux petits-déjeuners seraient pris à l’école chaque semaine.
L’idée est louable. Le dénuement amène parfois à rogner sur l’essentiel et l’alimentation est une cause de salut public. De même, le constat du ministre est juste : ventre affamé n’a pas d’oreille. Mais l’on peut se demander si l’école peut tout à elle seule ; elle qui fait faire les devoirs – lorsqu’elle s’autorise encore à en donner – éduque à la tolérance, à la sexualité, à la conduite et au secourisme bientôt…
Outre le fait qu’il faudra des précisions quant à la prise en compte des différents régimes, goûts, habitudes et intolérances, le SNALC s’interroge sur le temps qui sera dédié au petit-déjeuner. Fera-t-on venir les élèves plus tôt ? Rognera-t-on sur le temps d’enseignement? On devine la réponse, surtout qu’il se trouvera des personnes pour bâtir de beaux projets pédagogiques gourmands en temps comme d’aucuns en petits pains au chocolat.
A force de réduire le temps dédié à l’enseignement en empilant les dispositifs, on prend le risque de perdre de vue que l’école a un jour été là pour élever les jeunes grâce à la connaissance.
Ainsi, si la mesure est pleine de bonnes intentions, le SNALC demande que les vrais enjeux de l’Éducation nationale ne soient pas occultés.
Enfin, sans la moindre once de cynisme, le SNALC demande si, dans les zones autour des grandes villes, les nombreux personnels confrontés à la précarité, allant parfois jusqu’à dormir dans leur voiture, seront associés à ces petits-déjeuners. Il y a à aussi une question sociale à laquelle il faudra un jour s’atteler.