Retraite : comment admettre ?

La chronologie est révélatrice de la façon dont le ministère nous traite.

Delevoye travaille pendant dix-huit mois à préparer un rapport sur la réforme de la retraite ; il rencontre sans compter les centrales syndicales, les « Français de base » au cours d’innombrables réunions et finit par présenter son rapport le 18 juillet 2019 au Premier ministre.

Le même soir, il explique à la télévision ses principales orientations. A la fin de son exposé, il annonce que les professeurs sont les grands perdants de son projet mais renvoie au gouvernement les mesures compensatoires à prendre. L’on voit le cynisme !

Pendant trois mois, rien ne se passe à l’exception d’une déclaration du Président de la République reconnaissant qu’il faudra en effet trouver des compensations pour eux, mais à condition d’accepter la modification de nos obligations de service et même la réduction de nos vacances. La compensation, dix milliards, se fera sur près de 20 ans à raison de 400 millions par an.

Mais lors des réunions spécifiques avec le ministère en octobre, novembre et décembre, il est impossible d’obtenir les précisions chiffrées que nous attendons légitimement. Et c’est seulement le 16 décembre 2019, cinq mois après le rapport Delevoye, que le ministère dévoile les tableaux de simulation qui nous permettent d’avoir une idée de la sauce à laquelle il compte nous manger.

Or, il suffit de jeter un coup d’oeil sur ces tableaux pour découvrir que les simulations sont biaisées : ils attribuent aux professeurs, aux infirmières, aux personnels administratifs des taux d’indemnité très exagérés. Un professeur est ainsi censé recevoir 9 à 13% d’indemnités alors que pour y arriver, il lui faudrait en fait faire plusieurs heures supplémentaires et accepter la fonction de professeur principal et cela pendant toute sa carrière. Une secrétaire administrative est ainsi supposée recevoir un taux de … 33% et une infirmière de 23%, là où celle-ci doit se contenter de 13% et la secrétaire administrative de moins de 20%. Et tout à l’avenant !
Comment faire confiance à un ministère qui a eu près de deux ans pour préparer sa réforme et tente de nous faire avaler des données aussi fausses ?

Il ne cesse de nous répéter que nous ne perdrons pas un euro de pension avec le nouveau système par rapport à l’actuel, mais annonce que nous n’entrerons dans le nouveau régime que si nous sommes nés après 1975 : c’est donc bien que le nouveau régime est moins favorable que l’actuel. D’ailleurs, les policiers n’y seront pas soumis ! Preuve supplémentaire s’il en était besoin !

Enfin, il reste des questions sans réponse :

➤ Que deviennent les fonds accumulés par le conseil d’administration de la RAFP depuis 2005 ?
➤ Pourquoi priver les mères de famille des bonifications d’ancienneté de quatre trimestres par enfant ?
➤ Pourquoi priver les personnels détachés hors d’Europe des bonifications habituelles destinées à les inciter à ce service ?
➤ Comment les personnels en temps partiel pourront-ils alimenter leur compte de points sans pénalité ?
➤ Et surtout à combien se montent réellement les prélèvements nécessaires pour alimenter le compte retraite ? 25,31% ? 28% ?
➤ Etc.

Et l’on voudrait nous faire avaler le projet de réforme des retraites ?

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